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PAM Building tombe dans les tuyaux de financiers

12/09/2024

Générant 110 M€ de chiffre d'affaires, le fabricant de canalisations pour l'évacuation des eaux des bâtiments s'émancipe de Saint-Gobain dans le cadre d'un LBO primaire mené par Aldebaran et Bpifrance, qui le valoriserait entre 60 M€ et 90 M€.

Saint-Gobain continue de redessiner son périmètre dans le cadre de son projet « Grow & Impact ». Quelques jours après avoir annoncé la cession de son activité allemande de pièces plastiques pour l'industrie automobile à HF Opportunities, le géant de la construction aux 47,9 Md€ de chiffre d'affaires (pour plus de 7 Md€ d'Ebitda) s'apprête à se délester de PAM Building. Ce pôle de production de canalisations en fonte pour l'évacuation de la pluie et des eaux usées évoluait, jusqu'à présent, au sein de la filiale Saint-Gobain PAM spécialisée quant à elle sur les infrastructures de réseau de transport d'eau. Les synergies entre les deux activités étant jugées trop faibles, le groupe tricolore, appuyé par Lazard. s'est mis en quête d'un repreneur financier ayant une appétence pour les carve-out industriels et les enjeux de décarbonation. Un profil qui correspond à Aldeberan. « PAM Building représente bien notre stratégie ciblant notamment les carve-out complexes, souligne la fondatrice de la société de gestion Amélie Brossier. Nous avons par ailleurs un intérêt fort pour les entreprises industrielles souhaitant s'engager sur des sujets de décarbonation et/ou de digitalisation.»

Le GP, qui a finalisé discrètement son premier fonds fin 2023 à un montant non communiqué, s'apprête ainsi à signer son deuxième deal, la transaction devant être finalisée à la fin de l'année, en investissant un ticket dans le milieu de sa fourchette comprise entre 15 M€ et 60 M€. Il s'adjuge un peu plus de 80% du capital, accompagné de Bpifrance qui se partage le solde avec le management emmené par Eric Escalettes. Si les parties restent discrètes quant à la taille de l'opération, celle-ci se situerait entre 60 M€ et 90 M€ selon nos informations. Elle s'appuie sur une dette, représentant un « levier très modéré », apportée par les caisses de Lorraine et de Champagne-Bourgogne du Crédit Agricole ainsi que par Arkea.

Employant près de 400 salariés, répartis sur ses deux sites de production à Bayard, en Haute-Marne, et au Royaume-Uni, PAM Building conçoit des systèmes en fonte d'évacuations sanitaires et pluviales pour les bâtiments privés. Ses canalisations, commercialisées via des distributeurs, sont employés dans le cadre de rénovation d'immeubles anciens, un réseau en fonte ne pouvant pas intégrer des tuyaux en plastique, ainsi que sur des projets neufs. Bénéficiant de relais commerciaux dans une cinquantaine de pays, la société est très active à l'export, notamment au Royaume-Uni et en Allemagne, et a généré 110 M€ de chiffre d'affaires en 2023. Si le premier enjeu consiste à sécuriser la prise d'indépendance de l'entreprise en structurant toutes les fonctions support, la feuille de route inclut plusieurs axes de développement. « Un travail sera mené pour encore accroitre l'activité à l'intemational, en particulier en Asie et au Moyen-Orient, poursuit Amélie Brossier, avec éventuellement la possibilité de réaliser des croissances extemes dans ce sens. PAM Building a par ailleurs lancé l'année dernière un nouveau produit, Agilium, 30% plus léger qu'un produit en fonte classique, et donc moins émetteur de CO2. Déjà commercialisé en France, il va être proposé sur les autres géographies. »

Engagé dans une démarche de réduction de son impact environnemental, l'entreprise va également investir dans l'électrification de son site de production français, via l'achat d'un nouveau four. Un projet, qui avant ce LBO, était estimé à environ 10 M€, mais dont l'enveloppe devrait s'accroitre avec l'appui des nouveaux actionnaires et la sécurisation de lignes de financement auprès des banques. « La fonte est déjà produite à partir de ferraille intégralement recyclée. Le passage à un four électrique permettra à la société d'avoir une chaine de production entièrement durable, explique Amélie Brossier. C'est un argument de poids pour conquérir des parts de marché, en particulier en Europe du Nord où les clients sont très sensibles aux problématiques environnementales. »